L’immigration massive ou la dérive de deux continents

Publié le par Journal de l'AASCO

L’immigration massive ou la dérive de deux continents Le livre d’Omar Ba, Je suis venu, j’ai vu, je n’y crois plus, est un brulot contre l’immigration massive. L’auteur d’origine sénégalaise explique dans ce livre les mécanismes qui poussent les jeunes africains à émigrer vers l’Europe. Selon lui, l’école publique africaine est une fabrique à clandestins. Les manuels scolaires, souvent issus de l’époque coloniale, idéalisent l’Occident par rapport au Continent noir. En effet, selon lui ces outils d’éducation mettent plus l’accent sur « l’amour de Molière et de Descartes plutôt que l’histoire du continent noir ». Les familles, quant à elles, pensent que la migration vers l’Europe d’un des leurs peut être un moyen de les sortir de la misère. Enfin, les différents médias, notamment internet, renforcent l’image d’un eldorado européen. L’auteur dénonce également l’attitude des pays d’émigration qui n’œuvre en rien pour empêcher toute une jeunesse à entrevoir son avenir en Occident et ce au risque de leur vie.

Dans son précédent roman, Soif d’Europe, Omar Ba relate les milles périls encourus pour rejoindre le Vieux continent, de la longue marche à travers le désert algérien sans nourriture à la dangereuse traversée à la barque sur la mer Méditerranée jusqu’au large de l’Europe. Ceci explique pourquoi la mer Méditerranée est aujourd’hui un « cimetière de clandestins ». Les réseaux mafieux de passeurs y sont pour beaucoup, mais les politiques européennes de régulation des flux migratoires également. En effet, la construction d’une forteresse tout autour de l’Europe renforce l’idée que l’Europe est un continent prisé.

Arrivé clandestinement en France après avoir survécu au naufrage de son bateau de campagne, l’auteur découvre une France qu’il ignorait, celle de la précarité, du chômage, de la solitude et de l’indifférence. Selon lui, le libéralisme n’a pas besoin d’hommes et de femmes sans qualification. La crise actuelle ne fait que corroborer sa thèse. Loin des clichés simplistes ou misérabilistes, qui montrent l’immigré africain avant tout comme un malheureux, il est important de faire comprendre que le développement de l’Afrique passe d’abord par les Africains eux-mêmes. Des élites, que l’Europe cherchent à faire venir, jusqu’aux plus pauvres, ceux dont l’Europe ne veut plus, l’Afrique a besoin de tout ceux qui veulent la quitter pour se développer. Cela passe forcément, là-bas, par une remise en cause des leaders politiques qui voient derrière l’immigration un moyen de palier aux carences de leurs propres politiques publiques. D’autant qu’en fait les sommes versées par les migrants ne servent pas ou très peu à l’investissement. Pour beaucoup ces sommes sont utilisées pour l’usage personnel et pour satisfaire des besoins immédiats. Le destin de l’Afrique passe donc avant tout par les Africains eux-mêmes. En tant qu’Européens, nous devrions plus œuvrer à favoriser des coopérations sur la base d’un développement durable et juste. L’Afrique ne doit plus être déplumé de ses richesses humaines et matérielles. Il en va de l’avenir de nos deux continents, si liés.

Grains de Sable

numéro 20


Publié dans ACCES A LA CULTURE

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